18, comme 18 ans
Se seront écoulées plus de 18 années entre l'élection de Jean Germain à la mairie de Tours (en 1995) et la mise en service de la première ligne de tramway, qui entrera en service commercial le 1er septembre 2013. L'actuel maire de Tours ne serait donc pas un partisan de la première heure du tramway ? Ou bien faut-il imputer ce très long délai aux atermoiements sur le tracé de la première ligne ? A titre d'exemple, il y a encore cinq ans, le maire de Tours annonçait que le tramway emprunterait finalement le boulevard du Maréchal Juin et le pont Mirabeau*, alors que le tracé par la Tranchée, finalement retenu, semblait déjà (et depuis longtemps) le plus logique.
Le temps a dû paraître bien long à Alain Devineau, actuel adjoint à l'urbanisme et au patrimoine et acteur de premier plan de l'actuel projet, qui, au début des années 1990, proposait déjà au maire de l'époque Jean Royer de construire un TVR (Transport sur Voie Réservée) à Tours. Ce mode de transport hybride à plus d'un titre, mixte électrique/thermique et guidé/non guidé n'aura été développé qu'à Nancy et à Caen.
Le TVR de Caen fonctionne avec un système caténaires-pantographe, comme le tramway, alors que celui de Nancy est alimenté via des perches, comme un trolleybus (Alain Caraco, Wikipedia Commons). Caen, 12 août 2004. | Moins cher à la construction, ce système s'est finalement avéré aussi onéreux que le tramway classique à cause des déboires techniques qu'il a engendré, notamment à cause d'ornières formées dans les chaussées, dues au passage répété des pneus de l'engin, guidé par un unique rail central. Si la technologie a depuis été améliorée, il n'en reste pas moins que la plateforme doit être régulièrement rénovée, comme à Nancy actuellement. Et les véhicules sont sous-capacitaires et non réversibles (une seule extrémité est équipée d'un poste de conduite). Bien-sûr, il faut reconnaître au TVR l'avantage d'une certaine flexibilité liée à son caractère doublement hybride, comme la possibilité de l'utiliser comme un bus classique (en mode thermique et non guidé) en zone suburbaine pour la desserte des bouts de ligne. |
Voyons donc cette attente du bon côté : en 18 ans, les réflexions ont abouti à la décision la plus raisonnable : celle d'un tramway ferroviaire, technologie éprouvée, avec des rames longues qui ne poseront aucun problème de capacité. Le matériel proposé par les divers constructeurs a évolué très rapidement vers des tramways à plancher bas intégral, gage d'accessibilité, qui n'existaient pas en 1995. Et les systèmes d'effacement de la ligne aérienne ont eux aussi été mis au point ces dernières années. Le recul montre que Tours a largement pris le temps de la réflexion, ce qu'on oublierait presque en suivant l'actuel projet et son calendrier serré.
Plus d'infos sur le TVR avec l'article Wikipedia qui lui est consacré.
(*) Voir la Nouvelle République du 18 novembre 2005 : "Tramway : un nouveau tracé pour desservir le nord de Tours".