Réunion de quartier du 30 mars : compte-rendu
Hier soir avait lieu la dernière réunion d'une première série avec les riverains. Ceux-ci, réunis assez nombreux dans la salle des mariages de l'Hôtel de Ville de Tours, étaient venus s'informer sur l'insertion de la première ligne de tramway entre la place Choiseul et la gare. Mais pas seulement, car des commerçants inquiets (voire opposés au projet) ont dominé les échanges qui ont suivi la présentation.
C'est à 19h 10 que Pierre Texier, adjoint au maire de Tours chargé des questions de circulation, a lancé la rencontre. Il a présenté les personnalités présentes avec lui à la table, à savoir :
- Arlette Le Noc, chargée d'études au Sitcat (maître d'oeuvre du projet tramway)
- Jean-Marc Lafon, directeur des services techniques de la ville
- Jean-Pierre Lapaire, conseiller tramway auprès du président du Sitcat
- Jean-Luc Paroissien, ingénieur de CitéTram et directeur de la maîtrise d'oeuvre
- Alain Devineau, adjoint à l'urbanisme et au patrimoine
- François Lafourcade, adjoint au développement durable
Pierre Texier a très vite laissé la parole à Jean-Luc Paroissien, qui a commencé par prévenir que cette réunion était la dernière de la première série, et que d'autres allaient suivre tout au long des travaux. Le but de cette première réunion était selon lui de "vérifier si toutes les fonctionnalités ont été prises en compte".
M. Paroissien a commencé par évoquer le planning, tout en précisant qu'il restait très général, puisque le déroulement précis des travaux ne devrait être annoncé que dans quelques semaines. En juin et juillet prochain aura lieu l'enquête publique préalable à la DUP (déclaration d'utilité publique) qui devrait intervenir en décembre. Dès l'été 2010 débutera à Tours nord le dévoiement des réseaux. Ces travaux qui démarrent avant la DUP ont d'ailleurs surpris quelques personnes dans la salle, la mairie répondant que ceux-ci sont indépendants du projet tram et ne nécessitent pas de DUP. Les travaux de ligne débuteront début 2011 (mais pas immédiatement sur la totalité des 15,5 km). A la mi-2011, une maquette à l'échelle 1 d'une dizaine de mètres de long sera exposée, alors que la première rame sera livrée mi-2012, en coïncidence avec la livraison du centre de maintenance. Les essais en ligne auront lieu en 2013 pour une mise en service prévue au plus tard le 1er septembre.
C'est trop brièvement sans doute que M. Paroissien a ensuite présenté l'insertion de la ligne. Il a souligné les points forts de la ligne dans le secteur, à savoir l'effacement de la LAC (ligne aérienne de contact) et la réutilisation en grande partie des sites propres bus existants. Concernant l'alimentation électrique en substitution, deux systèmes pourraient être mis en place selon le fournisseur choisi à l'automne : une APS (alimentation par le sol) ou un système de batteries d'accumulateur, avec chargement en station par LAC. L'idée principale reste "d'apaiser les espaces" au passage dans le secteur sauvegardé.
- Place Choiseul
Une profonde reconfiguration est prévue, notamment avec la mise en plateau (c'est-à-dire que chaussées de circulation, trottoirs et plateforme du tram seront au même niveau) et l'unification des revêtements de sol.
- Pont Wilson
Sur le pont, les deux voies seront en position centrale, en lieu et place des sites propres bus actuels. L'aménagement, de parapet à parapet, prévoit un traitement des trottoirs et chaussées de circulation en revêtement gris clair, tandis que les voies seront recouvertes d'un dallage de granit. La vitesse des trams sera limitée à 40 km/h et celle des automobiles à 30 km/h. Les bus et autocars circuleront avec les voitures.
- Rue Nationale
Sur l'ensemble de la rue, la plateforme sera en pierre. L'aménagement ne se fait pas de façade à façade mais de bordure à bordure, c'est-à-dire que les trottoirs sont conservés tels quels. La circulation en haut de la rue Nationale sera limitée à 30 km/h. Entre la place Anatole France et la rue de la Scellerie, les places de stationnement seront supprimées, tandis que des pistes cyclables sont envisagées le long de la station Anatole France. Entre la rue du Commerce et la rue des Halles, la circulation sera en plateau, toujours à 30 km/h. La circulation sera interdite entre la rue Emile Zola et la rue des Halles. La partie étroite de la rue Nationale changera peu, avec uniquement la transformation du site propre bus en plateforme tram.
- Place Jean Jaurès et avenue de Grammont
La station de la Place Jean Jaurès va être reconstruite dans une configuration proche de l'actuelle. Les quais seront utilisés à la fois par les bus et le tram (ce qui semble être un cas unique sur la ligne), dans un souci "d'homogénéité des services". La ligne continuera ensuite sur l'avenue de Grammont avant de tourner vers la rue Charles Gille. Notez que le passage de la rue d'Entraigues à la rue Charles Gille sera impossible.
- Rue Charles Gille
Cette rue sera requalifiée de façade à façade. Le sens unique actuel sera maintenu mais sur une seule voie, tandis que le stationnement sera supprimé. Le tram sera donc en site propre total dans la rue, sauf à l'entrée où la voie nord-sud va mordre légèrement sur la chaussée en raison des limitations de rayon de courbure. L'inversion du sens unique de la rue de la Vendée est probable.
- Place du Maréchal Leclerc et rue de Nantes
Sur la place de la gare, le sens unique de la chaussée ouest devrait être inversé. Les automobilistes qui s'y engageront retrouveront ceux de la rue Charles Gille à l'entrée de la rue Blaise Pascal qui conserve son sens unique actuel. La chaussée sud existant actuellement sur la place du Maréchal Leclerc sera supprimée, tandis que l'avenir de la voie des taxis reste en suspens. Des discussions avec les chauffeurs de taxi devraient avoir lieu prochainement selon Pierre Texier.
Concernant la rue de Nantes et l'îlot Vinci, qui avait fait l'objet d'un article sur ce blog, on en sait un peu plus sur ce qui sera démoli et ce qui sera épargné. Trop étroite pour accueillir deux voies de tram et ses quais dans l'état actuel, elle sera élargie par la démolition du batîment des tissus Vinci (là, rien de nouveau) et de l'hôtel Terminus.
En bleu, la première ligne de tram. Les flèches roses indiquent les principaux sens uniques (notamment ceux qui changent). Les croix rouges indiquent les sections interdites à la circulation. Les édifices démolis sont entourés de rouge.
- Ex-zone de lavage trains et rue Blaise Pascal
L'aile ouest de la gare sera bien démolie elle aussi pour que la ligne puisse pénétrer dans l'actuelle emprise de Réseau Ferré de France. Le tram rejoindra alors la rue Blaise Pascal en passant derrière le centre de tri postal, avec une emprise prévue pour l'accueil des piétons et cycles. Selon M. Paroissien, c'est un nouvel accès au centre-ville pour le habitants du Sanitas.
De gauche à droite : Arlette le Noc, Jean-Marc Lafon, Jean-Luc Paroissien et Pierre Texier. Invisibles sur la photo : Alain Devineau et François Lafourcade.
Les échanges avec les habitants ont alors suivi. Il s'agissait principalement de commerçants et de cyclistes. Corporatisme oblige, les interventions des commerçants, exposant leurs inquiétudes concernant les éventuels manques à gagner liés aux chantiers et les problèmes de livraison, ont suscité des tonnerres d'applaudissement. Les commerçants ne semblent de plus pas favorables à la réduction de la place de la voiture, puisque 120 places de stationnement seront supprimées dans le secteur en question. Un autre intervenant, prônant que justement le tram remettait en question la place de la voiture en ville, a suscité moins d'enthousiasme parmi l'auditoire. "C'est tellement évident qu'on ne l'a même pas précisé" a admis Pierre Texier en allant dans le sens de l'intervention. Mais Alain Devineau de tempérer les échanges : "Nous voulons un débat apaisé". Tandis que certains commerçants estiment que la voiture est bannie du centre, une habitante des Prébendes raconte : "Il m'est arrivé de mettre 50 minutes entre la sortie de l'A 10 et les Prébendes." "C'est la preuve qu'il y a trop de voitures en ville." répond Pierre Texier, suscitant les rires de commerçants. Deux conceptions de la mobilité urbaine...
Les cyclistes sont quant à eux partagés : l'un s'inquiétait de la dangerosité de circuler sur la plateforme ("Il n'y a pas plus d'accidents qu'ailleurs" selon M. Paroissien), les autres, ceux du collectif cycliste 37 faisaient part de leur satisfaction de l'autorisation des vélos sur certains secteurs de la ligne.
L'impression finale reste que les changements sont minimes dans le centre-ville. La véritable mutation date finalement de la mise en site propre de la rue Nationale. Les modifications du plan de circulation restent mineures, même si elles désorientent les habitués. La place de la voiture est un peu réduite par la diminution ponctuelle du nombre de voies, l'apparition de zones 30 ou la suppression de places de stationnement.