Association TCSP 37 : contestation ou proposition ?
Françoise Amiot, conseillère municipale d'opposition à Tours depuis 2008, a créé en avril dernier une association baptisée TCSP 37, qui se veut garante d'une "communication transparente et vigilante sur les projets de transport de l'agglomération tourangelle, et un suivi de l'implantation du tramway dans la ville de Tours". Tout un programme ! Une formule pour cacher une contestation du projet ? Françoise Amiot a accepté de répondre à mes questions, à l'occasion d'une visite à l'Enquête Publique, samedi matin, avec des membres de son association et quelques habitants de Tours.
Un tram pour Tours Vous parlez de vigilance sur le suivi du projet tramway. Pourriez-vous expliquer le but précis de votre association ? Est-ce un groupe anti-tramway ?
Françoise Amiot Pas du tout. L'association que nous avons décidé de créer, à quelques-uns, a pour but de favoriser le débat sur le projet de transport en commun en site propre de l'agglomération de Tours, et d'assurer la plus grande communication possible, en toute transparence pour les habitants de Tours et de l'agglo. Ils sont tous concernés et il faut qu'ils puissent s'exprimer. Ce n'est pas une question de pro ou d'anti-tram, c'est une question de communication et d'information, pour que le projet choisi réponde aux aspirations de tous les Tourangeaux et soit vraiment un projet d'utilité publique, au sens noble du terme, dans une vraie politique de développement de notre ville.
Un tram pour Tours Il y a eu une concertation, Mobilitours, en 2007, puis une série de réunions riverains de l'automne au printemps dernier. N'avez-vous pas l'impression d'avoir créé cette association trop tard, d'arriver trop tardivement dans ce débat ?
Françoise Amiot J'ai assisté à titre personnel à ces réunions, avec un certain nombre de personnes qui font partie de l'association ou du collectif associé. Il y avait dans ces réunions une volonté d'information de la population, mais cette information était insuffisamment relayée et restait opaque pour la plupart de nos concitoyens. C'est ce qui m'a conduit à créer cette association, qui est un relais pour communiquer sur le tramway. Je l'ai fait avec un certain nombre de personnes d'horizons divers, qui participent à cette démarche globale d'information.
J'ai eu le sentiment d'une information incomplète, tardive, notamment en terme de publicité des réunions. Un nombre insuffisant de personnes y participaient. Tout cela explique la création de l'association, effectivement décalée par rapport à l'origine du projet, mais avant l'enquête d'utilité publique.
Samedi dernier, quelques membres de l'association et des habitants sont venus consulter les dossiers et remplir les registres. On aperçoit ici Jean-Joël Gaurier, à gauche, Françoise Amiot, qui consulte le dossier, et Alain Beyrand, également penché sur les documents, au centre. Des membres de la Sepant et de l'ADTT (association de développement des transports en Touraine), ainsi que Dominique Jauzenque, membre de TCSP 37 avaient également fait le déplacement. La démarche était couverte par la Nouvelle République. | Un tram pour Tours Comment comptez-vous informer concrètement la population ? Qu'est-ce que vous allez apporter de plus que l'enquête publique ? Françoise Amiot L'objectif n'est pas d'apporter plus que l'enquête publique. L'objectif est que tous nos concitoyens concernés par le tramway, financièrement ou sur le plan des dessertes, se sentent concernés par l'enquête publique et viennent y porter leurs observations. Très peu de Tourangeaux ont conscience du trajet du tramway. Trop peu connaissent le planning du début des travaux. L'objectif n'est donc pas d'apporter, puisque nous ne sommes pas des spécialistes de ce type de projet. L'objectif est de faire savoir qu'il y a un débat ouvert à travers cette enquête publique officielle, obligatoire et démocratique. La période ne nous semble pas très favorable, entre les examens et les vacances. La période (un mois, du 15 juin au 16 juillet, NDLR) est très courte et le sujet est complexe. Il faut faire savoir que le projet est dans une phase d'échange, et ce par des moyens tels que la presse comme ce matin, notre groupe sur le réseau social Facebook. Nous allons essayer de mettre en place un blog et relayer un document que nous avons rédigé par voie de tractage ou de boîtage. |
Un tram pour Tours Si vous étiez aux affaires à Tours, mèneriez-vous un projet de tramway ?
Françoise Amiot Il y a un besoin de repenser l'organisation des transports en commun, ce doit être une préoccupation en matière de politique de la ville, régulière, de manière à vérifier que l'on dessert toujours les grands pôles. La recherche d'un transport écologique est judicieuse aujourd'hui, pour des questions de nuisances : bruit, pollution... Mais je ne suis pas sûre qu'un tramway sur rails tel qu'il se fait aujourd'hui réponde à ces préoccupations essentielles. Je ne me positionne pas contre ce projet dans l'absolu, je ne dis pas qu'il ne faut pas faire ce tramway. Je dis : faut-il ce projet, tel qu'il est, avec ce tracé, et dans la conjoncture économique défavorable dans laquelle nos sommes tous, surtout que Tours en particulier est très endettée ?
Un tram pour Tours Mais la ville de Tours ne finance pas ce projet...
Françoise Amiot Non, c'est le Sitcat, mais nous sommes tous indirectement contribuables du Sitcat. Le Sitcat est responsable du projet. C'est l'argument utilisé par la Ville de Tours. Il n'empêche que sur les aspects tels que le tracé (et c'est pour cela que l'enquête se tien dans la mairie de Tours), ce sont les Tourangeaux qui sont de premier chef concernés. C'est vrai que le projet est porté par un tiers, mais le Sitcat, c'est l'agglomération tourangelle. Il ne se décalque pas sur l'agglomération, mais c'est malgré tout une mutualisation des moyens qui se trouvera nécessairement réimpactée sur tous les Tourangeaux.
Un tram pour Tours Vous souhaitez dépolitiser votre association. Mais êtes-vous cependant suivie par toute l'opposition municipale ?
Françoise Amiot Je pense que tous les membres de l'opposition municipale se demandent si le projet est approprié. Pascal Ménage fait partie de l'association et est intégré à la démarche. D'autres personnalités politiques locales nous ont rejoint. Dans une démarche de transparence et de communication, j'ai invité tous mes collègues à nous rejoindre. Tous sont au courant de la démarche, mais certains ne souhaitent pas y participer, ce qui ne signifie pas qu'ils ne la partagent pas et qu'ils s'opposent à cette volonté. Ce débat est dépolitisé, il n'y a donc pas d'action de l'opposition municipale en tant que telle.
Un tram pour Tours Avez-vous discuté avec Bruno Lavillatte, qui a exprimé un soutien assez net au projet tramway en conseil municipal ?
Françoise Amiot C'est la liberté d'expression que je revendique pour tous ! Non, nous n'en avons pas discuté directement, mais nous en avons parlé pendant la campagne des municipales. Nous n'avons pas eu de conversation privée sur ce sujet précis. Je pense que Bruno prend un positionnement, qui est, dans son esprit, une position d'avenir et de modernisation. Ma position est différente, puisque je pense que l'on est dans un cadre d'utilité publique, de politique citoyenne, et qu'il faut définir le meilleur projet pour les habitants de Tours, en fonction de leurs moyens, de leur volonté et de leurs besoins. Il faut s'inscrire dans une réflexion qui nous projette dans l'avenir. Nous n'avons donc pas précisément le même point de vue sur la communication.
Un tram pour Tours Souhaitez-vous que le projet soit tout de même déclaré d'utilité publique dans quelques mois ?
Françoise Amiot Je souhaite que le projet qui sera déclaré d'utilité publique soit le projet qui réponde aux aspirations des Tourangeaux et qui intègre leurs remarques. Si les Tourangeaux, qui se seront exprimés, décident que ce projet, tel qu'il est, est d'utilité publique, je reconnaitrai qu'ils y ont adhéré complètement. Mais si, grâce à la communication que j'entends essayer de mettre en place, les Tourangeaux sont conduits à porter quelques remarques qui aboutissent à une modification du projet, je dirai bravo ! Je n'ai pas volonté de contrer un processus de consultation, mais celle de faire en sorte que chacun puisse s'exprimer.
Un tram pour Tours Reconnaissez-vous des qualités au projet tel que présenté ?
Françoise Amiot C'est un projet qui a la volonté de moderniser, de faire avancer les choses. On a cherché à faire un site propre intégral, même si ce n'est pas le cas sur tout le tracé. Il y la volonté d'accélérer la desserte, de rendre service à l'usager, et - ceci restant à démontrer, comme on l'a vu avec les associations présentes (notamment la Sepant, NDLR) - d'être écologique.
Un tram pour Tours Quelle est votre première inquiétude ?
Françoise Amiot Je reviens à mon domaine, la comptabilité et la finance ! En matière de communication, j'ai l'impression que l'on n'arrive pas à appréhender la totalité du coût, ne serait-ce que pour les travaux de dévoiement des réseaux, dont il nous est indiqué qu'ils sont du ressort des concessionnaires qui auront leur propre budget et vont gérer ces travaux. Or ils devraient être intégrés dans le coût de l'ensemble, puisqu'il y aura de la même manière une répercussion.
Et puis, nous n'avons pas de comparatif, dans les dossiers d'enquête publique, avec d'autres modes de transport, ni aucun élément sur le financement de la seconde ligne. On engage la ville, ses citoyens et nos enfants dans des dépenses très conséquentes avec un endettement très fort à supporter pendant des années. Est-ce que c'est le meilleur projet, au meilleur coût ? L'enquête, aujourd'hui, ne nous permet pas de l'affirmer. On ne traite pas les coûts directs liés aux nuisances des travaux, à l'impact environnemental.
Le tracé ne favorise pas une desserte très rapide, puisqu'il dessert, et c'est heureux, certains quartiers qui permettent de bénéficier de certaines subventions. C'est très positif mais cela diminue la rapidité du transport. Et on ne dessert pas la plupart des centres d'activités économiques ou de santé.
Un tram pour Tours On ne peut pas tout desservir avec une ligne !
Françoise Amiot Non, mais on ne privilégie pas non plus la rapidité, la fluidité, et le trajet "tout-droit", si je schématise un peu. Les enquêtes de flux, réalisées dans une "enquête ménages", ne sont pas disponibles dans le dossier. Est-ce l'axe nord-sud le plus chargé ? Je ne sais pas, je l'espère !
Avec mes remerciements à Françoise Amiot.