Il n'y aura pas de pont Jean Royer
On a appris récemment l'inscription à l'ordre du jour du prochain conseil municipal de Tours d'un vote concernant le changement de nom du boulevard Thiers en boulevard Jean Royer. Relayée par la presse, cette initiative a suscité aujourd'hui les réactions de Tourangeaux, élus ou non, sur cette décision. Peu semblent enthousiastes à cette idée. Les Tourangeaux sont souvent hostiles à ce genre de changement parce que le nom des grandes artères fait partie du langage courant des habitants et en changer est très difficile. La preuve : beaucoup appellent encore la place de la Liberté de son ancienne dénomination, place Thiers. Tout surprenante qu'elle est, l'idée semble même avoir étonné jusqu'au fils de Jean Royer, Gérard, qui déclarait dans la presse que malgré l'émotion de la famille liée à la reconnaissance de son père, un espace urbain plus « modeste » aurait convenu.
Mis à part que le boulevard Thiers est long et imposant, et qu'il symbolise donc la force urbanistique de ce premier magistrat de la ville, ce choix manque cruellement de sens. Soit, le maire a vécu dans le quartier. Mais le pont du tramway sur le Cher paraît bien plus indiqué. Il relie deux quartiers impulsés par Jean Royer en traversant une rivière dont l'ancien maire a fait dévier et élargir le cours. Les Rives du Cher, c'est lui ! Le remblaiement du quartier des Deux-Lions pour en faire un technopôle, c'est aussi Jean Royer ! Le lac de la Bergeonnerie, près de l'extrémité sud du pont sur le Cher, c'est Jean Royer qui a décidé de le creuser. Rien que ça ! Et quelle meilleure représentation du bâtisseur que la construction d'un ouvrage d'art – si modeste et discret soit-il – de 235 mètres de long, faisant partie intégrante du projet de la décennie à l'échelle de l'agglomération, celui du tram ?
L'été dernier, j'avais cherché un nom pour le pont dans un petit billet (1). En voilà un qui convenait à merveille, celui de Jean Royer. Et il ne sera pas choisi.
1tpT, 24 juillet 2010, "Un nom pour le pont ?".