Le tram et ses travaux par ceux qui les font
Huit heures trente, locaux de CitéTram. Le groupement des entreprises SET (Société d'Equipement de Touraine) et Transamo, mandataire de la maîtrise d'ouvrage de la ligne de tram pour le Sitcat est installé avenue Dassault, aux Deux-Lions, dans des locaux qui communiquent avec ceux du Sitcat. Jean-Luc Paroissien, directeur de CitéTram, est absent ce jour-là. Dommage car on aurait aimé discuté avec le grand patron des travaux. Mais c'est l'occasion de faire connaissance avec deux nouvelles têtes - pensantes - parmi les acteurs du projet.
Franck Tesseire, responsable de l'insertion urbaine du projet, et Paul Martin, responsable infrastructure et aménagements urbains, ont accepté de dresser un bilan de ce qui est fait, et de tout ce qui reste à faire. Enfin, pas jusqu'à 2013, mais ils donnent une idée claire de ce qui va se dérouler dans les douze mois qui viennent sur les quinze kilomètres.
Déviations de réseaux et fouilles archéologiques
Parmi les fouilles archéologiques, les responsables CitéTram distinguent bien l'archéologie préventive menée au niveau du centre de maintenance et des parcs-relais des fouilles réalisées en centre-ville. Dans le premier cas, "c'est assez classique et ça se voit de plus en plus régulièrement", commente Franck Tesseire. Dans le second, "c'est une démarche singulière pour un archéologue, qui travaille en suivi, en accompagnement des travaux de réseaux. De temps en temps, les travaux seront ralentis ou interrompus pour les archéologues." Qu'espèrent-ils, ces archéologues ? "Ils sont à la recherche d'une nécropole", affirme Paul Martin. Les fouilles sont cependant limitées en profondeur : "On descend jusqu'aux travaux les plus profonds", explique Franck Tesseire. "Le propre d'un archéologue, ce n'est pas d'aller fouiller parce qu'il pense trouver quelque chose, c'est de fouiller parce que la zone est impactée par des travaux. Sans travaux, les vestiges archéologiques sont gardés pour les générations futures." renchérit Paul Martin. Cette méthode concerne actuellement la rue Charles Gille et sera appliquée rue Nationale à partir de juin, dans la partie étroite. Les déviations de réseaux devraient tout de même intéresser les archéologues place Jean Jaurès en avril et mai.
Plus au nord, de nouvelles artères de la ville sont bientôt atteintes. La rue de Jemmapes, à partir de la rue de Tourcoing vers le sud, sera en travaux à partir de ce lundi. Le 14, le chantier débutera au rond-point des Trois-Rivières et remontera vers le nord. L'avenue Maginot et la place de la Tranchée seront touchées dans un mois. Paul Martin prévient : "Avenue Maginot, ce seront des travaux relativement importants, qui vont nécessiter des conditions particulières de circulation et une déviation des bus, d'autant plus que la rue n'est pas très large". "Il faut qu'on soit attentif aux commerces", ajoute Alain Devineau, adjoint au maire de Tours et membre du comité de pilotage de la ligne de tram.
| "Avenue Maginot, ce seront des travaux relativement importants, qui vont nécessiter des conditions particulières de circulation" |
Encore plus proche de nous, dès le 14 mars, le chantier de dévoiement des réseaux avancera progressivement de la rue Charles Gille vers la rue Nationale, en passant par la place Jean Jaurès déjà en cours de traitement. De Liberté à Verdun, l'avenue de Grammont sera en chantier en avril. Boulevard Churchill, où les travaux sont commencés, on s'active en ce moment à créer une chaussée provisoire côté sud, là ou passera le tram, pour intervenir sous les voies de circulation automobile. Aux Deux-Lions, il reste à traiter l'avenue de Pont-Cher. Début du chantier dans une semaine, tandis que l'allée de Lesseps est toujours coupée.
Après la déviation des gros réseaux, la rue du Pont-Volant est revenue cette semaine à des interventions plus modestes sur les réseaux dits "secs" : téléphonie, éclairage public, etc. Le centre de Joué est concerné ce lundi par les premiers travaux, de la rue des Martyrs au boulevard Gambetta. La ligne 1A/B du réseau Fil Bleu est notamment déviée de son trajet habituel dès ce lundi. Le terminus sud, près du lycée Jean Monnet, attendra l'été.
En parallèle, et dès la semaine prochaine, il y a une campagne qui débute et qui n'a pas l'air d'emballer Paul Martin : la libération des emprises. C'est-à-dire "les coupes et transplantations d'arbres. Cela fait partie des premières dispositions pour implanter le tramway". Mais à CitéTram, on se console avec le bilan officiel de 900 arbres coupés ou transplantés pour 1 800 individus plantés.
Printemps 2011, le printemps du tram
Deux bases-vie (ou bases-logistique) sont en préparation : l'une avenue Dassault, juste en face de CitéTram, l'autre avenue Daniel Mayer, près du terminus nord. Effectivment, les bulldozers s'affairent à aplanir ces précieux terrains non bâtis qui restaient à proximité de la ligne. "Les entreprises qui vont venir travailler ont besoin de lieux pour s'installer : locaux sociaux, bureaux, salles de réunion, réfectoires, douches et vestiaires, auxquels s'ajoutent des fonctions de stockage. On ne va pas laisser des engins sur le chantier, en pleine ville, le soir et les week-ends. Chacune de ces bases fait près de 14 000 mètres carrés" explique Paul Martin. Il y aura 700 à 900 personnes à accueillir chaque jour de chantier, autant de retombées économiques attendues par les élus, notamment dans l'hôtellerie-restauration.
Préparation de la base-vie sud en cours. Le terrain jouxte le cinéma Méga CGR et le centre commercial L'Heure Tranquille. Tours, 4 mars 2011.
Ainsi pourront débuter le 5 avril les travaux de plateforme rue du Colombier, entre la rue Ronsard et le boulevard Juin. Pourquoi cette artère ? "On est proche du centre de maintenance. Or dans le processus de mise au point du tramway, ce secteur servira de zone d'essais. La première rame, qui arrivera au début de l'été 2012, doit être homologuée et parcourir pour cela 3000 kilomètres." Les rames disposeront donc d'un terrain d'essais, du dépôt jusqu'au quartier Monconseil, qui sera achevé à la fin de l'été 2012. Le gros des infrastructures sera achevé fin 2012 pour neuf mois d'essais, de marches à blanc et de mises au point.
Le chantier de plateforme débutera bientôt avenue de la Tranchée et progressera du sud vers le nord. Concrètement, comment cela se déroulera-t-il ? "Il faut d'abord rétablir les voies de circulation puis on réalise les terrassements, on pose la multitubulaire, la première couche de béton. Ensuite on positionne les rails, on remet une couche de béton qui cale le tout et on réalise le revêtement final" détaille Paul Martin.
Le troisième secteur prochainement traité est l'avenue du Général de Gaulle. La réalisation se fera de la place de la Liberté vers la place Saint-Paul. De même, la plateforme se construira progressivement de l'université vers l'allée Ferdinand de Lesseps aux Deux-Lions. Enfin, le quartier de la Rabière sera bientôt concerné, en partant de la rue Lavoisier vers le sud.
Et le centre de maintenance ? "Les entreprises viennent tout juste d'être désignées. Le démarrage est pour début mai". Le lancement de la construction du pont sur le boulevard périphérique aura lieu à la même époque, fin avril ou début mai.
Sanitas : quelques éclaircissements
On se souvient de l'émotion provoquée par la disparition du mail arboré longeant le boulevard de Lattre de Tassigny. La maîtrise d'ouvrage n'a pas renoncé mais a revu sa copie. "D'un pas de douze mètres entre chaque arbre prévu initialement, on a décidé d'en planter un tous les six mètres" dévoile Franck Tesseire, plans à l'appui. "Nous voulons dilater les espaces pacifiés", ajoute-t-il. Une transplantation des individus de qualité actuels est prévue. Le terrain de boules sera quant à lui reconstitué près du bar "Le Longchamp", rue Blaise Pascal. Le travail porte maintenant sur un lien "pacifié" transversal entre la Place Neuve et la Palais des Sports. Le jet d'eau de la place Saint-Paul, détruit l'été dernier sera remplacé par un bassin de faible profondeur face à l'église. Une présence de l'eau sous une forme "plus contemporaine" selon Franck Tesseire.
Les aménageurs s'approprient le "quatrième paysage"
Attractivité est le mot qui revient le plus souvent dans la bouche des responsables de CitéTram. Notamment quand ils parlent de "l'oeuvre urbaine" conçue par le collectif "Ensemble(s) la ligne", dont nous avions rencontré l'instigatrice Régine Charvet-Pello l'an dernier (1). "Daniel Buren (membre du collectif, NDLR), qui était avec nous il y a quelques jours, trouve le terreau tourangeau favorable à la création artistique, lance Franck Tesseire avec une fierté non contenue. Au-delà du stimulus de la Loire, il y a toute l'ampleur du projet : des choses simples et délicates, mais à l'échelle de quinze kilomètres. Avec les rames de tramway, Buren va intervenir pour la première fois sur une oeuvre in situ mobile !" Et la poésie s'invitera dans cette oeuvre, avec une phrase sélectionnée pour s'inscrire sur chacune des 29 stations. Après le fast-food de la gare sauce Michel Audiard, les Tourangeaux devraient être incollables en citations et autres alexandrins célèbres !
(1) Un tram pour Tours, 10 mai 2010, "Ensemble(s) la ligne : Régine Charvet-Pello joue collectif".