Mauvaise passe pour le chantier du tram
Les révélations encombrantes se multiplient dans la presse, ces derniers temps, au sujet du déroulement du chantier du tramway. Aucun retard ni malfaçon n'est pour le moment à déplorer, tandis que les contestataires du projet se font plus discret. Oui mais voilà, il y a les quelques points durs dans les expropriations, qui pourraient menacer un calendrier suivi au pied de la lettre toute cette première moitié de chantier. Et il y a aussi cette histoire d'employés en sous-sous-traitance, qui ont travaillé gratuitement pendant deux mois... Certes, les protagonistes ne sont pas les mêmes dans les deux "affaires". Mais elles entachent toutes les deux l'image d'un chantier qui, malgré la poussière qu'il engendre inévitablement dans nos rues, se doit d'être immaculé dans les colonnes des journaux.
Les propriétaires ont tout intérêt à rendre public le différend les opposant au Sitcat,
pour jouer sur l'image.
Dans le cas des expropriations, c'est directement la maîtrise d'ouvrage qui est touchée. Cependant, dans ce rapport de force, les propriétaires concernés ont tout intérêt à rendre public le différend les opposant au Sitcat, pour jouer sur la corde sensible de l'image que renvoient tout le projet et le chantier, enjeu que j'évoquais juste avant. Crier haut et fort que son bien immobilier n'est pas racheté à sa juste valeur est un arguement de poids en ces temps de crise. De son côté, la maîtrise d'ouvrage est dans son droit, brandissant son sésame préfectoral que constitue la Déclaration d'Utilité Publique. Il peut parler au nom de la collectivité face à un intérêt, celui de l'exproprié, nécessairement particulier. C'est de bonne guerre, après tout. Mais espérons tout de même que cela ait peu de conséquences sur la suite du planning : peu ont intérêt à ce que le chantier s'éternise.
Selon la Nouvelle République, le suspense durera donc jusqu'aux verdicts que rendra le tribunal administratif d'Orléans au sujet d'un immeuble situé rue du Pont-Volant, à Joué-lès-Tours, et de l'Hôtel Français, situé au coeur du fameux îlot Vinci, face à la gare de Tours. A Joué, si le jugement en première instance annulant la décision d'expropriation est confirmé en appel, la démolition pourrait n'intervenir qu'en septembre 2012, après le lancement d'une seconde procédure ! Il sera alors compliqué de tenir les délais puisque cette date correspond, dans le calendrier actuel, à la transition entre les travaux de gros-oeuvre (plateforme, voie ferrée) et les "finitions" (ligne aérienne, signalisation, etc.) de la rue du Pont-Volant.
Parmi les 1000 salariés qui travaillent sur le tramway,
combien sont en situation précaire ?
Autre sujet encombrant, celui des quatre employés étrangers qui travaillaient sur le centre de maintenance, avant de quitter Tours en fin de semaine. La maîtrise d'ouvrage n'est pas directement concernée par cet événement, d'autant que les ouvriers ont été remplacés, mais c'est là encore la question d'une image qui s'écorne un peu plus. La communication institutionnelle s'est targuée de faire trvailler 1000 personnes à l'apogée du chantier (c'est-à-dire maintenant). Et parmi ces 1000, combien d'emplois précaires ? Les quatre "naufragés du tram", comme ils ont été surnommés dans la Nouvelle République, sont-ils des cas isolés ?
Les quatre "naufragés" travaillaient en sous-traitance pour un sous-traitant de Sogea Centre, qui construit l'atelier de maintenance des rames.