Le coup d'après
Pendant ces mois entiers où le blog est resté inactif - et je présente ici mes plus plates excuses à tous ceux qui le suivent - nombre d'étapes symboliques de la construction du tramway ont été franchies. Le rythme d'arrivée des rames va devenir régulier dès les prochaines semaines, tandis que la pose des voies s'est achevé la semaine dernière. C'est dans ce contexte que la date de l'inauguation de cette première ligne a été annoncé. Et la promesse est tenue : ce sera le 31 août et le 1er septembre prochain. Et encore une fois, on retrouve en toile de fond une énième polémique, qui porte cette fois sur les coûts de réalisation et d'installation des oeuvres imaginées par Daniel Buren, qui enflent désormais plus que de raison.
On peut rester à se satisfaire, les yeux brillants d'émotion, des derniers réglages avant l'aboutissement d'une arlésienne politique tourangelle. On peut aussi se montrer prospectif, imaginer le coût d'après, à treize mois d'élections locales dans l'agglomération, même si on fêtera bien volontiers l'ouverture au public des rames high-tech, made in France et miroitant la ville qui circuleront sur la première ligne. Si la décision concernant toute extension future est reportée après cette échéance électorale par le sénateur-maire Jean Germain, le débat ne pourra pas être évité.
D'ailleurs, les Tourangeaux peuvent compter sur quelques figures pour le faire vivre, ce débat. Marie-France Beaufils, collègue de Jean Germain au Palais du Luxembourg et première magistrate de Saint-Pierre-des-Corps est sans doute en tête de ces élus qui réfléchissent au futur. Le maire de Chambray-lès-Tours est également en éveil, alors que le tracé le plus probable d'une ligne 2 viendrait à Trousseau, aux portes de sa ville.
Quelles doivent être les priorités de ce débat ? Se battre pour desservir à tout prix sa ville ou se soucier de la cohérence du réseau à l'échelle de l'agglomération ? Garantir l'absolue compatibilité des installations techniques d'une ligne à l'autre ou choisir le mode le plus adapté en fonction du trafic attendu ? Et cette question qui a été jusqu'à faire la une de "M", le magazine du "Monde" : peut-on encore se permettre le tramway dans le contexte actuel1 ?
Si la pertinence du tram est indiscutable sur la demi-ligne Verdun-Trousseau, l'intérêt de construire une seconde ligne ailleurs n'est pas tout-à-fait démontré à Tours. Mais il y a encore des voitures à qui il faut reprendre un peu de place, et des modes de transport collectif efficaces et attractifs, innovants parfois, adaptés. On citera en exemple les recherches et expérimentations menées sur le trolleybus, qui pourraient remettre ce mode de transport déclinant sur le devant de la scène. En combinant la traditionnelle alimentation par ligne aérienne à des zones de biberonnage (captage du courant électrique) par le sol et à des systèmes d'autonomie sur de courtes distances, on pourrait obtenir un compromis entre l'installation d'un moyen de transport propre et la préservation de l'esthétique urbaine, le tout à coût raisonnable. En somme, avec la même philosophie que sur la première ligne de tram : électrifier et placer en site propre les principaux corridors de mobilité dans l'agglomération, et sans fil s'il vous plaît.
Les choix futurs dépendront aussi des orientations du gouvernement. D'autres appels à projets continueront-ils d'être lancés, afin de soutenir l'industrie du transport public, avec de nécessaires subventions publiques à la clé pour les collectivités ?
(1) Olivier Razemon, "Le tram en bout de course", M le magazine du Monde, 23 novembre 2012.